Réparation du safran
Le décalage entre la barre franche et l'axe du safran devenait de plus en plus important. Il devenait urgent d'ouvrir le safran pour l'inspecter et le réparer.
Sortie du safran #
Sur ce type de safran suspendu de taille raisonnable, il est généralement possible de le retirer sans sortir le bateau de l'eau.
Pour préparer la sortie du safran, on a :
- noué un bout de corde dyneema très fin dans un des anneaux des ergots en haut du safran.
- défait les deux écrous retenant le safran
- glissé la plaque circulaire maintenant le safran au dessus des ergots et à travers le dyneema et libéré l'autre anneau
- retenu le safran cet anneau maintenant libre
- coupé le dyneema et fini de passer la plaque ✨
Ouverture du safran #
L'ancien safran a été ouvert à la meuleuse en faisant quelques traits de découpe à la verticale le long de la mèche. C'était relativement facile de décoller les deux parties collées dans l'axe longitudinal.
Surprise inquiétante lors de l'ouverture : 20L d'eau noire comme de l'huile s'échappent. Les tiges horizontales du "peigne" métalliques étaient complètement mangées par la rouille et ne tenaient plus rien depuis un moment 🙀 Ce chantier était effectivement critique !
Soudure de nouvelles tiges #
Les anciennes tiges étaient probablement en acier, vu leur état de rouille, une très mauvaise idée. On a racheté un tube inox ø 27mm chez Prolians, vendu par 6 mètres uniquement, pour 100 euros. Niels a ensuite :
- bien nettoyé les anciennes fixations sur la mèche à la meuleuse
- coupé le tube en trois sections
- fait les "gueules de loups" pour les fixations tubes sur tube
- resoudé ces sections à la mèche
La mèche ne sera pas positionnée à ce niveau des planches visibles en dessous
Découpe et défonce des planches #
On a acheté un grand panneau de contreplaqué Okoumé nautique coupé en 5 chez Leroy Merlin pour 200 euros. On a d'abord reproduit la forme générale du safran sur ces 5 planches. Puis Simon a découpé entièrement l'empreinte de la mèche et des tiges sur la planche centrale. Enfin on a dessiné les empreintes à différentes profondeurs pour les 4 autres planches avec une défonceuse, une scie plongeante et une scie sauteuse.
Collage des plaques #
Les planches ont été collées entre elles à la résine epoxy. La mèche a été glissée au milieu du "sandwich" après la deuxième planche. On a coulé de la colle expansive PU D4 tout autour de la mèche et des tiges pour contraindre leur déplacement (ce n'est pas forcément la colle la plus adaptée, mais on n'avait pas mieux à disposition). On a bien serré tout ça avec des IPN et des grands serre-joints. Le séchage a duré plus de 24h, à l'intérieur et à la verticale pour que la colle se répande de manière homogène.
Rabotage et shaping #
C'était de loin la partie la plus agréable : le rabotage et ponçage pour reproduire la forme initiale. Simon a fait les finitions d'une main experte. Les épaisseurs du contreplaqué permettent de voir les épaisseurs et de faire des courbes bien propres.
Stratification & peinture #
Le safran a été rapatrié à la maison pour profiter de la chaleur. J'ai construit une structure en bois pour le suspendre et pouvoir travailler sans qu'il repose sur un flanc. Pour la stratification résine époxy et fibre de verre on m'a conseillé de faire trois couches : mat, tissu, mat + un tissu d'arrachage à la fin. Je ne suis pas convaincu par la dernière couche de mat qui rajoute beaucoup d'irrégularités et était difficile à appliquer. Le mat n'accrochait pas, j'ai manqué de résine et dû reprendre la fin plus tard. Il faut compter 1kg de résine pour 1m² de mat densité 500g/m².
Ensuite la résine a été recouverte de deux couches de primaire blanche puis deux couches d'antifouling bleu. La différence de couleur permettra de repérer les accrocs.
Remise en place #
La grosse surprise lors de la repose a été que le safran ne coule plus mais flotte très fort ! C'était donc assez compliqué de le faire couler pour enfiler la mèche dans le tube de jaumière. Après des essais infructueux avec l'ancre, on a réussi avec une personne à l'eau qui le guidait avec les pieds et son poids. Malheureusement, le safran a pris pas mal de coups pendant ces manipulations.
Mauvaise nouvelle une fois le safran remis : il ressort d'un centimètre de moins qu'avant et c'est problématique pour reposer la plaque et le fixer. Il a donc fallu le ressortir, poncer le haut du safran autour de la mèche, re-stratifier et repeindre. C'était peu pratique puisque c'est la partie la plus sensible en termes d'étanchéité, et que le safran était maintenant à l'air libre et pas si chaud pour sécher malgré la fin d'hiver marseillais.
Une fois tout ça fait on a finalement pu remettre le safran et le fixer 🥳 L'épaisseur poncée n'était pas encore tout à fait suffisante mais ça passe.
Des voisins de ponton m'ont signalé qu'il manque une bague en teflon que je devrais placer entre le safran et le tube de jaumière pour absorber les frottements. Ça sera pour le prochain carénage.
Épilogue #
- Merci à Simon, Niels et Stephan 🙇♂️
- Cette vidéo YouTube de Mata'i Nautisme nous a grandement guidé.
- Les conseils des vendeurs de AD Vieux Port pour la stratification.
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